Au Cœur de l’Histoire de la Guadeloupe
Table des matières
Le sud Basse-Terre est un creuset singulier de par sa configuration et sa position géographique, où les population au travers des âges ont toujours pris une part particulière dans les différentes étapes de la grande Histoire de l’archipel, voire même de la Caraïbe.
Temps Géologiques
La Basse-Terre c’est l’île de l’archipel Guadeloupe qui coté est s’étend sur 55 km de long et 25 km de large.
C’est l’une des plus grandes îles de l’arc des Antilles.
Le territoire propre du Sud Basse-Terre avec ces 300 Km² en constitue ainsi un bon tiers.
Du nord au sud, elle est parcourue par une chaîne montagneuse formée de roches volcaniques.
Le sommet de cette chaîne culmine à 1 467 m au niveau du volcan de La Soufrière.
C’est le plus haut sommet des Petites Antilles.
Sur le plan géologique l’île de la Basse-Terre émerge des eaux plus tardivement que l’île de Grande Terre.
Elle s’est mise en place entre 2,8 et 2,7 Million d’années-
La Basse – Terre est constituée de sept complexes volcaniques retraçant les différents âges d’affleurement des matières.
Le Sud Basse-Terre est constitué de 4 de ces 7 complexes :
La Chaîne de Bouillante est située en bordure de la côte caraïbe et est limitée à l’est par les Pitons de Bouillante. 1 Ma et 200 000 ans (source hydrothermale)
- Les Monts Caraïbes forment l’extrémité méridionale de la Basse-Terre. La mise en place se déroule aux environs de 500 000 ans.
Le Complexe Volcanique de Trois-Rivières – Madeleine. Il est localisé entre les Monts Caraïbes au sud et la Grande Découverte au nord. Son activité a débuté il y a 100 000 ans et s’est terminé il y a 1 000 ans. Coulée de Palmiste
Le Complexe Volcanique de la Grande Découverte – Soufrière.
Son activité a débuté il y a 205 000 ans et se poursuit actuellement. Il est situé entre la Chaîne Axiale et les Monts Caraïbes. Il comporte plusieurs édifices volcaniques: Grande découverte, Carmichaël, Morne Amic, l’Echelle, la Citerne et La Soufrière.
Les chaines montagneuses qui structurent le territoire ont connu une mise en place en trois phases
La migration du Nord-est vers le sud de ce volcanisme a été évaluée à la vitesse de 18 à 25 km/Ma soit 1 à 2,5 cm/an.
La vitesse de convergence entre la plaque Américaine et la plaque Caraïbe est du même ordre.
Temps Préhistoriques
En Guadeloupe, c‘est cette zone qui est le premier lieu d’implantation des peuples préhistoriques dits précolombiens.
Une ère d’occupation découpée par les spécialistes en deux grands âges :
pré-céramique et céramique (avant et après l’invention de la céramique).
L’âge céramique est ensuite quant à lui divisé en quatre phases :
Saladoïde Ancien, Saladoïde modifié, Troumassoïde et Suazoïde.
Venant de Trinidad ces peuples ont laissé des traces sur l’archipel dès 2275 avant JC.
Source https://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1994_num_80_1_2768
Ces groupes introduiront dans l’archipel la poterie, l’agriculture ainsi qu’un certain nombre d’espèces animales (chien, agouti, manicou, iguane (Iguana iguana)).
Ils seront les premiers à construire de vrais villages qu’ils installeront d’abord sur les meilleures terres agricoles.
Dès l’origine, ces pionniers établiront, dans certaines îles, des sites de grande surface, comme celui de Pearls à Grenade, de Vivé en Martinique ou de Trants à Montserrat.
[Arawaks de culture Saladoïdes, ]
La distinction (souvent retenue dans la culture populaire) entre les arawaks et les caraïbes serait surtout linguistique selon des études récentes.
La société kalinago est caractérisée, d’un point de vue linguistique, par un phénomène de diglossie. En effet, les hommes et les femmes parlent deux «langues» différentes. La langue des femmes est totalement arawak. La langue des hommes est,elle, caractérisée par une grammaire arawak et une base lexicale majoritairement arawak au sein de laquelle ont été introduits une quantité importante de termes d’origine caraïbe.
Au XVIe siècle, ils occupaient les Petites Antilles depuis Tobago jusqu’à la Guadeloupe, et de manière plus disséminée vers le nord, à Saint-Christophe et Anguilla. Au centre de cet archipel, la Dominique et Saint-Vincent, les îles les plus peuplées, formaient le cœur de la société caraïbe. Là vivaient les plus grands chefs et étaient organisés les grands rassemblements… Ces hommes circulaient sans cesse d’île en île pour assister aux cérémonies, rendre visite à leur famille, propager des nouvelles ou échanger des biens. Leur maîtrise de la navigation a impressionné les chroniqueurs. « Ils se déplaçaient si vite qu’ils pouvaient rattraper un voilier à force de rames », rapporte l’historien Jean-Pierre Moreau qui, dans les années 1980, a découvert et publié le texte de l’Anonyme de Carpentras (Un flibustier dans la mer des Antilles, éd. Payot, 2002). Creusées dans des troncs, leurs embarcations pouvaient mesurer jusqu’à 18 mètres de long et contenir une soixantaine de personnes. Un art de la course sur mer qui les conduisait à de fréquentes incursions vers le nord, à Porto Rico, comme vers le sud, dans le delta de l’Orénoque. Des expéditions parfois guerrières, mais aussi commerciales.
La distinction effectuée par les Européens entre Arawaks des Grandes Antilles (Taïnos) et Caraïbes des Petites Antilles (Kalinagos) possède une réalité sociale indiscutable.
La société taïno est une société hiérarchisée selon un système de chefferie, le caciquat. La société est dominée par les caciques qui sont issus de la classe dominante, les «Nitaïnos». Ils tirent leurs pouvoirs politiques de leur statut de chefs religieux. La classe dominée porte le nom de «naborias».
À l’opposé, les Amérindiens des Petites Antilles vivent selon un mode essentiellement égalitaire. S’il existe des hommes plus importants que d’autres dans un village (chef de guerre, chef religieux, etc.), ce pouvoir n’est pas héréditaire.
De plus, il est limité à un domaine d’activités et peut aussi être limité dans le temps. L’unité de base,politique, sociale et économique, est le village. Des liens existent cependant à un niveau supérieur entre les différents villages. Ils sont réactivés à l’occasion d’échanges commerciaux, de guerres ou de mariages.
Cette différence sociale pourrait aller dans le sens d’une réelle différence ethnique entre les deux groupes.
Cependant, la distinction effectuée par les chroniqueurs s’appuie aussi sur d’autres éléments qui ne sont pas de nature ethnique ou culturelle.
Dès 1503 la reine Isabelle d’Espagne proclame la mise en captivité des peuples qui résistent à sa domination il en découle en 1511 une classification par Diego Colon qui se conclura en 1518 par la distinction entre «Caraïbes» et «non Caraïbes» devenant un enjeu de plus en plus important pour la Couronne d’Espagne, Rodrigo de Figueroa est appointé en tant que juge, avec les pleins pouvoirs, afin de produire une classification définitive des cultures amérindiennes, partout dans les territoires connus des Espagnols.
Les différences qui existent entre ces deux classifications témoignent de leur caractère économique. Ainsi chaque île va être classée en fonction de l’intérêt que trouveront ou non les Espagnols.
Le Caraibe désormais dans cette assertion c’est l’Amérindien qui peut être
réduit en esclavage. En effet, les Grandes Antilles vont être le premier espace américain à être transformé en colonie d’exploitation. Il va en découler un besoin de main-d’œuvre servile pour travailler dans les plantations et les mines d’or.
Les premières victimes de l’esclavage aux Antilles vont être les Kalinagos.
Le Sud Basse-Terre est le couffin des sites archéologiques les plus remarquables révélant en particuliers les gravures rupestres dites des roches gravées ou encore des céramiques archéologiques témoins des différents âges de peuplements amérindiens de la Guadeloupe.
D’abord la ville de Trois rivières s’illustre avec le Parc des roches gravées qui regroupe 20 roches gravées présentant plus de 230 gravures datées du 4 ème siècle de notre ère, le territoire recèle d’autre sites inestimables dont les trésors sont insoupçonnables :
- Le Site de l’Anse Galets : 9 roches gravées et 2 polissoirs inscrits au titre des monuments historiques Décembre 2012
- Le Site de la vallée d’or : 76 roches gravées et 26 polissoirs inscrits au titre des monuments historiques Décembre 2008
- Le Site de l’Anse Duquéry : inscrits au titre des monuments historiques Décembre 2013
- Le Site du Petit Carbet : situé au long du cours de la rivière Carbet et inscrits au titre des monuments historiques 2013
Mais Trois rivières n’est pas le seul théâtre de ces pétroglyphes mystérieux, les sites ornés du littoral (dont fait notamment partie le parc archéologique des roches gravées), était très probablement utilisés par une pluralité de groupes différents dans le cadre de leur approvisionnement en eau lors de trajets interinsulaires ou lors de rassemblements périodiques
Ainsi on retrouve des roches gravées dans les communes de Baillif (rivière du Plessis) et de Vieux Habitants ( Grand Rivière), mais aussi à Capesterre Belle Eau( Embouchure Pérou inscription par arrêté du 30 novembre 2015)
La ville de Capesterre Belle Eau referme les fossiles de 2 phases chronologiques de l’ère précolombien la plus ancienne, cédrosan saladoïde déjà repérée lors de fouille des gisements de l’Allée Dumanoir s’illustre aussi sur ceux de Moulin à Eau.
On y retrouve aussi des niveaux d’occupation sous formes d’aires de rejets qui relèvent du troumassan troumassoïde et sont extrêmement bien conservés malgré l’érosion liée à l’exploitation agricole.
Il est ainsi possible d’imaginer une occupation évolutive du littoral vers l’intérieur des terres au fil des âges d’occupation :
occupation cédrosan-saladoïde installée à 200 m du littoral et mise au jour en bordure de l’Allée Dumanoir (sites de la Rivière du Grand Carbet, de l’Allée Dumanoir et de Moulin-à-Eau) , puis ère troumassan troumassoïde intermédiaire et enfin le village troumassoïde localisé à Fromager, plus à l’intérieur des terres.
https://journals.openedition.org/adlfi/117944
La Guadeloupe n’était en 1511 pas classée “Caraïbe”, traduisant la volonté d’y maintenir les Amérindiens pour y consacrer le projet de colonisation, initié dès la promesse de céder l’archipel à l’ambassadeur de Venise en 1496.
Pourtant en dépit de ses règles, on y observe un accroissement notable du peuplement de Caraïbes qui s’y réfugient pour fuir les sévices perpétrées à leurs encontre dans les grandes îles.
En 1542, la nouvelle loi interdit de réduire en esclavage les Amérindiens. Cette
date correspond à la diminution de l’afflux d’or américain en Espagne.
En 1547, il est à nouveau autorisé de réduire les Caraïbes en esclavage mais seulement les hommes.
Lors de son deuxième voyage vers le Nouveau Monde, le 04 novembre 1493, Christophe Colomb “aborde” sur cette île que ses habitants, les Indiens Caraïbes, appellent Caloucaéra.
C’est le jour du pèlerinage de la Sierra de Guadalupe, en Estrémadure, d’où le choix de ce nom pour rebaptiser cette terre.
En 1496 : L’équipage de Christophe COLOMB de retour à Capesterre Belles eaux est reçu à coup de flèches empoisonnées, en représailles des exactions commises depuis 3 ans.
La Guadeloupe devient un lieu de résistance des Caraïbes.
Le 28 juin 1635, Jean Duplessis et Charles de l’Olive, de la Compagnie des Isles d’Amérique (ou des Isles de l’Amérique), débarquent avec 400 colons engagés par contrat pour trois ans, à la pointe Allègre et prennent possession de la Guadeloupe au nom du roi Louis XIII.
C’est de cet acte que l’on date le fait politique que la Guadeloupe devient française.
Le premier geste du colon Charles Liénart de l’Olive, arrivé en Guadeloupe, est de planter une croix. Geste symbolique qui affirme les ambitions de la Compagnie des îles d’Amérique : convertir les « sauvages » et prendre possession des terres.
Le pas avait été franchi dix ans plus tôt, à Saint-Christophe où Français et Anglais avaient massacré des centaines de familles caraïbes. Des voix s’élevèrent, par exemple celle de Jean du Plessis, l’associé de Liénart de l’Olive, partisan d’une amitié franco-indienne, ou du père Breton qui refusait « de faire la guerre injustement à une nation libre et lui ravir ses biens et ses habitations ». Mais les bons sentiments ne pesèrent pas lourd face aux appétits commerciaux de la Compagnie. Les jardins, où les Kalinagos cultivaient leurs fruits et des plantes médicinales, furent pillés, les terres défrichées pour y planter du tabac… Il en fallait plus pour faire plier ces guerriers.
Il est à noté que s’est fondée en 1636,la plus ancienne paroisse et commune de Guadeloupe et des Antilles françaises. Son nom historique était auparavant Habitants avant de devenir Vieux-Habitants.
Deux en plus tard éclora Bouillante A l’époque on la nommait “ilet-aux-Goyaves”, Fontaines Bouillantes puis Bouillante, la ville tire son nom des sources d’eau chaude de sa région aux : vertus thérapeutiques reconnues.
Le 4 avril 1640, M. Aubert, ancien chirurgien du Roi à l’île de Saint-Christophe et époux de la veuve de Du Plessis, est nommé par la Compagnie des Iles d’Amérique, lieutenant général de l’île de la Guadeloupe, en remplacement de l’Olive. Il s’emploie à faire la paix avec les Caraïbes et à amener dans l’île la prospérité tant attendue.
La région sud-ouest de la Guadeloupe réunit les caractères d’une région salubre : située au pied des montagnes, bien arrosée mais sans humidité excessive, elle possède de très nombreuses rivières et ravines. L’absence de marécages en fait un site attrayant pour le colonisateur, ainsi que la proximité d’un port ou d’une bonne rade.
Sur le site initial de la rive gauche de la rivière du Galion, qui n’est autre que l’actuel quartier de Rivière Sens, Aubert fit construire sa maison à charpente de deux étages, qui fut, paraît-il, fort longtemps, la plus belle de l’île. Mais il ne devait guère en profiter car, un seigneur de la Compagnie, Charles Houël, petit noble normand très ambitieux, réussit, après un voyage effectué en Guadeloupe en 1642, à se faire nommer gouverneur de l’île, le 1er avril 1643.
Aubert, qui se retrouve sous ses ordres, n’hésite pas à qualifier son action d’ingratitude et de trahison, car il l’avait reçu avec tous les honneurs. Sa présence constitue une gêne pour Houël qui met en oeuvre une machination contraignant Aubert à s’éloigner de la Guadeloupe.
Désormais seul maître de l’île, il contribue comme les gouverneurs des autres îles à accroître les difficultés de la Compagnie jusqu’à l’acculer à la faillite. Aussi, en 1649, lorsque cette dernière se décide à vendre son empire colonial, Houël et son beau-frère, le sieur Jean de Boisseret d’Herblay, achètent la Guadeloupe, la Désirade, les Saintes et Marie-Galante pour 60000 livres de pétun (tabac).
L’homme d’affaires Charles Houël fut nommé gouverneur de la Guadeloupe en 1643 par la compagnie des îles d’Amérique fondée par D’Esnanbuc).
Dès lors se développe en Guadeloupe, avec l’aide d’experts juifs hollandais chassés du Brésil, la culture de la canne à sucre.
Le gouverneur Houël organise l’importation d’esclaves africains, dès 1641.
Il fonde Basse-Terre en 1649 et y fait construire le fort Delgrès.
En 1664, la Compagnie des Indes occidentales, créée par Colbert, rachète la Guadeloupe à Houël et l’archipel passe sous le contrôle de l’autorité royale.
Un développement douloureux
Dès 1641, la Guadeloupe voit débarquer ses premières personnes réduites en esclavages
Les premiers esclaves africains destinés à la toute nouvelle colonie de la Guadeloupe arrivent à la Pentecôte de 1641, soit 6 ans après l’installation des premiers colons .
Ils sont 60, suivis d’une centaine d’hommes et de femmes quelques années plus tard.
L’arrivée de colons juifs hollandais qui fuient le brésil avec 300 de leur esclaves en 1654 marque le début de l’augmentation rapide de la population servile. Dès 1656 la Guadeloupe compte 12 000 blancs et déjà 3000 esclaves noirs soit deux fois plus que la Martinique. Le rapport va vite s’inverser. A la révolution française en 1789, l’île compte 13.712 blancs, 3.058 noirs libres et 89.823 esclaves.
Les conditions de vie et de labeur sont inhumaines. Les cadres réglementaires (Code noir) ou religieux (évangélisation) ne visent qu’à justifier les pires atrocités et sévices commises surs ces hommes et femmes suppliciés.
Mais malgré les fers la surveillance des contre-maitres et les châtiments encourus il n’était pas rare que certains aient la bravoure de s’échapper.
Cette digne quête de la liberté au péril même de leurs vies porte un nom qui a traverser les âges : Le marronnage.
Ce mot viendrait d une déformation de l’espagnol « cimarron » (sauvage)
Il est attesté qu’il a existé des bandes de marrons et même qu’une révolte conduite par Etienne en 1736 avait avorté de peu. On parla même de camp de jusqu’à 600 hommes qui seraient 1 siècle plus tard des descendants de ces insurgés là.
(https://www.erudit.org/fr/revues/bshg/1998-n116-117-118-bshg03406/1043197ar.pdf)
Bataille des saintes du 09 avril au 12 avril 1782 pendant la guerre franco-anglaise
C’est la dernière bataille navale livrée dans les eaux américaines au cours de cette guerre. En 1783, la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France signent le traité de Versailles qui redistribue, entre autres, les colonies britanniques, espagnoles et françaises des Antilles. La bataille des Saintes marque un tournant dans la tactique des combats en mer, au sens où l’engagement débouchera désormais sur de véritables batailles d’anéantissement.
Le César (74 canons), capturé par les Britanniques, explose dans la nuit du 12 au 13 avril.
Ce sacrifice n’a cependant pas été inutile car le reste de l’escadre peut se replier. Les pertes françaises sont de 2 000 morts ou blessés et 5 000 prisonniers. Côté navires, outre le Ville de Paris, le Glorieux, l’Hector et l’Ardent, la marine française perd le Caton et le Jason qui sont poursuivis et capturés le 19 avril au large de Porto Rico lors de la bataille du canal de la Mona.